Avez-vous déjà entendu parler du projet photo 365 ? C’est un défi assez fou qui consiste simplement à prendre une photo tous les jours pendant 365 jours. Ça peut paraître simple dit comme ça mais c’est un véritable challenge qui demande beaucoup de motivation et de rigueur.
J’ai décidé de m’embarquer dans ce projet 365 il y a quelques mois, le 2 décembre 2020 très exactement, car il n’y a pas besoin d’attendre le premier janvier pour prendre de bonnes résolutions ou se lancer un nouveau challenge 😉
Et ça allait être d’autant plus compliqué avec le contexte sanitaire et les mesures mises en place: Confinement, couvre-feu et interdiction de déplacement à plus de 10 km du domicile étaient bel et bien présents pour me mettre des bâtons dans les roues.
Les étoiles étaient alignées pour me dire que c’est clairement pas cette année qu’il faut se lancer dans ce genre de projet photo ! Mais j’ai décidé malgré tout de ne pas les écouter.
Quel intérêt d’un projet photo 365 ?
Vous avez sûrement entendu parler de « La règle des 10 000 heures », qui explique qu’il faut 10 000 heures de pratique dans n’importe quel domaine pour atteindre le statut d’expert.
Et bien la photographie ne déroge pas à cette règle, ce projet permet d’y consacrer au moins 1 heure de son temps libre par jour pour progresser au quotidien.
Pratiquer un petit peu chaque jour est la clef du succès que ce soit au piano, en jardinage, pour ses cours ou pour développer n’importe quelle compétence ! Et oui même si vous pratiquez un hobby peu commun comme la sculpture de savon, après 10 000 heures vous pourriez devenir le Michelangelo du savon !
Bref revenons-en à la photographie car c’est ce qui nous intéresse ici, j’avais déjà choisi ma thématique avant de démarrer: La photographie de paysage
Pourquoi uniquement de paysage ? Car c’est ce qui me fait vibrer et me procure le plus de plaisir, je ne fais pas de photo de sport, d’architecture ou de portrait car ça ne me correspond pas tout simplement.
Mais si vous commencez tout juste ça peut être intéressant de varier les différents genres photographiques pour trouver votre style photo.
Autre intérêt, celui de développer votre créativité. Les premiers jours seront très simples car vous aurez plein d’idées en tête, même trop d’idées, et plus les jours passeront plus il vous faudra vous creuser les méninges pour trouver de nouveaux sujets.
Et puis vous deviendrez de plus en plus exigeants avec vous-même, mais c’est justement un signe qui montre que vous êtes sur la bonne voie. Photographier son chat ou un coucher de soleil depuis son balcon semble déjà être une moins bonne idée une fois passé le cap des 30 jours.
Au lieu de vous donner des conseils banals, j’aimerai plutôt vous faire part de ma propre expérience dans ce défi 365, pour vous montrer à quoi vous attendre et peut-être vous inspirer à démarrer votre propre projet.
Les premières semaines de mon défi
Le véritable principe d’un challenge 365 consiste à partager chaque jour une photo qui a été prise le jour même, j’ai volontairement décidé de ne pas jouer avec ces règles car j’allais avoir besoin d’un sacré paquet d’attestations de déplacement dérogatoire pour trouver au quotidien des paysages intéressants dans les environs…
Mais également car cela me permettait de revenir sur mes photos réalisées lors de mes précédents voyages, de les trier, retravailler la composition dans Lightroom (à l’aide de l’outil « recadrer et redresser »), et de travailler la retouche.
Le Vietnam, l’Irlande, l’Italie, la Thaïlande, la France… après des mois à voyager et des milliers de photos capturées, mon catalogue Lightroom ressemblait à une véritable chambre d’adolescents, le moment était venu de faire un grand nettoyage de printemps pour ne garder que le meilleur.
J’ai décidé d’utiliser Instagram afin de partager mes photos avec quelques amis, mon engagement était alors public et j’allais tout donner pour ne pas décevoir mes 7 abonnés !
L’engagement public et la preuve sociale sont des outils puissants pour permettre de garder le cap sur ses objectifs, et ça a particulièrement bien fonctionné de mon côté.
Pour voir mes premières photos je vous invite à vous rendre sur ma page Instagram, je n’en ai supprimé aucune et j’y ai même partagé la photo brute sans retouche pour les 30 premières.
Il vous suffit de cliquer sur la silhouette.
Et chose importante à savoir, ce sont mes premières photos PUBLIQUES et non mes premières photos personnelles, j’avais déjà un minimum d’expérience et des notions de composition (mais très peu en retouche).
Si vous venez tout juste de démarrer il est très probable de retrouver les 5 erreurs classiques du photographe amateur dans vos photos, mais c’est tout à fait normal et vous ne pourrez que progresser en démarrant ce challenge même avec très peu voir aucune expérience.
Et puis il n’y a rien de plus plaisant que de revenir sur ses anciennes photos après 6 mois et de se dire « ah ouais quand même… je pars de loin »
2 mois de challenge: Stock photo épuisé
Après 2 mois de publications quotidiennes, j’avais utilisé toutes les photos décentes de mes précédents voyages, je devais absolument sortir chaque jour pour refaire du stock, j’avais grillé tous mes jokers.
Mais quelle satisfaction de voir que mon catalogue Lightroom était entièrement trié, et je commençais également à remarquer l’amélioration de mes compétences en retouche.
A ce moment-là (janvier 2021) les restrictions étaient moins strictes et j’allais pouvoir me balader avec mon appareil tous les jours. Bref que du bonheur.
Mes sorties étaient de plus en plus préparées à l’aide de Google Maps pour marquer les emplacements de lieux et de sommets réputés, mais je laisse toujours un peu de place au hasard et à l’exploration car j’aime ce sentiment de ne pas savoir si je vais ramener le meilleur cliché de ma carrière ou simplement rentrer bredouille.
Mon terrain de jeux
Je suis également rentré en contact avec quelques photographes talentueux de la région et j’ai eu l’opportunité d’en rencontrer certains lors de petites balades / randonnées organisées entre nous.
J’étais tel le karaté kid, désireux d’en apprendre plus auprès de ces experts afin de perfectionner ma technique. Et je me suis fait de nouveaux amis au passage 🙂
Ces opportunités ne se seraient jamais présentées à moi si je n’avais pas démarré ce défi, car je n’aurais eu aucune légitimité pour approcher ces personnes.
Le cap des 90 jours: Tout s’accélère
Après 3 mois de photos quotidiennes, toutes les notions techniques étaient complètement assimilées, je n’avais plus du tout à me creuser les méninges pour trouver les bons réglages qui allaient me donner l’effet souhaité pour ma scène.
Mes doigts étaient complètement autonomes et trouvaient chaque bouton et molettes sans même avoir besoin de jeter un coup d’œil à ma caméra, tel un guitariste connaissant son instrument par cœur.
Je pouvais alors plus me concentrer sur la composition et la créativité, je prenais de plus en plus de plaisir à chaque sortie ce qui m’a amené à capturer ce moment magique.
Arcu di u scandulaghju pour les curieux
Vous l’avez sans doute reconnu, c’est une de mes photos de ma galerie personnelle, elle a été ma toute première à être reposté et partagé par d’autres comptes ce qui m’a donné un peu de visibilité !
Petite parenthèse, les likes ne reflètent absolument pas la qualité de travail d’un photographe, ça fait toujours plaisir mais ça ne doit pas servir de comparatif. Il est possible de désactiver le compteur de likes et je vous invite vivement à le faire !
Suite à ça mes photos étaient assez régulièrement partagées jusqu’au jour où un magazine web indépendant (le magazine France) m’a contacté car une de mes photos les intéressaient pour la couverture de leur prochain numéro (la photo 9/365 que je t’ai montré juste en haut), quel honneur !
J’étais d’autant plus surpris car c’est l’une de mes toutes premières photos qui a attiré leur attention, mais ce sont mes photos récentes qui ont suffisamment piqué leur curiosité pour les inciter à aller voir ma galerie.
J’ai donc accepté avec grand plaisir.
Une première opportunité professionnelle
Mes compétences continuaient de s’améliorer de jour en jour, jusqu’à recevoir un message sur les réseaux sociaux d’un photographe me demandant si c’était possible de discuter avec moi par téléphone.
J’accepte sans vraiment savoir à quoi m’attendre, et lors de l’appel ce photographe me fait savoir qu’il dirige une petite entreprise proposant des prestations photos et vidéos aux particuliers, et qu’il aimerait me voir rejoindre l’équipe car mon travail lui plaît beaucoup.
Il y a énormément de photographes plus talentueux que moi dans la région, avec beaucoup plus d’expérience, de connaissances, de matériel… alors pourquoi moi ?
Cette personne m’a répondu « Tout simplement car tu as une courbe de progression qui est impressionnante et que je préfère travailler avec quelqu’un qui a un beau portfolio plutôt qu’une autre qui possède 50 diplômes en photographie« .
J’ai finalement refusé pour raisons personnelles mais je fût tout de même très flatté par cette proposition. Je n’aurais jamais cru qu’une telle opportunité se présenterait à moi, en tout cas pas aussi rapidement, et ça montre que la rigueur finit toujours par payer.
PS: Un grand merci à ma grand-mère qui m’a récemment dit que ce « jouet » ne m’aiderait pas à trouver du travail.
Fin de mon projet photo 365 après 4 mois
Après toutes ces aventures, ces rencontres et ces opportunités j’ai pris la décision de mettre fin au défi. Le couvre-feu à 18h et les restrictions de déplacements à plus de 10 km commençaient à limiter de plus en plus ma créativité (j’avais pourtant dit en début d’article que ça ne devait pas me servir d’excuse !)
Et c’est extrêmement frustrant de passer une après-midi entière à photographier durant les heures de lumières dures, ce qui ne met pas du tout en valeur le paysage.
Je me suis rendu compte après ces 4 mois que mes meilleures photos ont très souvent été prises en tout début de matinée ou en toute fin d’après-midi, quand le soleil est bas et que les ombres sont plus douces.
Ça ne veut pas dire que je ne fais jamais de photo en pleine journée, mais très rarement par ciel bleu et grand soleil.
La seconde raison est que mon œil est devenu beaucoup plus aguerris avec l’expérience et donc beaucoup plus exigeant, il m’arrivait assez souvent de ne pas être satisfait du résultat final et donc de ne jamais publier la photo pour le défi.
En voici une que je n’ai jamais publié
Flou artistique ?
Alors vous en pensez quoi ? Personnellement je l’adore et je la déteste en même temps c’est un sentiment inexplicable… Des photos comme celle-ci j’en ai un paquet mais je me suis demandé si ça valait vraiment la peine de publier une photo qui ne me plaisait pas tant que ça.
On est plus ou moins inspiré en fonction des jours et c’est normal, mais je trouve ça dommage de poster du contenu banal quand on devient habitué à un certain standard.
Je pourrais très bien publier une photo de mon jardin, de la plage près de chez moi sous 247 angles différents afin de compléter mon challenge mais je n’y vois aucun intérêt.
L’objectif premier de ce projet est de nous permettre de bien assimiler tout l’aspect technique de notre appareil photo, puis de nous apporter ce standard dont je parle tant, ce fameux « oeil du photographe ».
Dans l’idéal chaque nouvelle photo devrait être meilleure que la précédente, ce qui je l’avoue rend le défi beaucoup plus complexe. Mais à quoi bon se contenter d’une photo médiocre, si ce n’est que pour le simple fait de se dire « j’ai publié chaque jour ».
Alors j’en ai pensé quoi au final ?
Oui oui je me trouve beaucoup d’excuse pour justifier mon échec mais je n’ai aucun regret ! Ça a été une expérience très enrichissante et j’ai appris énormément de choses durant ces 4 mois, beaucoup plus que ce que j’aurai pu imaginer. Qui sait ce qui se serait passé si j’avais continué jusqu’au bout…
Le projet 365 nous pousse vraiment à sortir de notre zone de confort, et c’est justement ce qui nous permet de stimuler notre créativité. On passe par un tas d’émotions, notamment de fierté ou de déception…
On chipote sur des détails que personne ne remarquera dans cette quête de la photo parfaite… On fait de belles rencontres, que ce soit des photographes expérimentés ou d’autres plus amateurs… On vend un rein, voire deux pour s’acheter du nouveau matériel…
Et surtout on prend du plaisir à pratiquer une de ses passions tout en voyant l’évolution de ses compétences, et ça il n’y a rien de plus gratifiant.
Je ne peux que vous encourager à démarrer votre propre projet 365 si vous débutez en photographie, avec toutes les belles opportunités que ça amène peut-être que National Geographic vous contactera d’ici la fin de votre défi pour aller photographier des paysages grandioses au 4 coins du monde.
Le seul moyen de savoir c’est de se lancer !
3 Comments
Je trouve cet article d’une grande qualité, cela m’a donné envie de me lancer moi même dans un projet afin de devenir le Michelangelo de ma discipline.
Top déjà d’avoir tenu tout ce temps avec de telle restriction !
Je suis arrivé sur votre canal Youtube par ce que vous défendiez le micro 4/3 en développant plusieurs arguments qui n’allaient pas de soi tout en relevant du bon sens. Votre démarche m’intéresse bien et merci de la partager.