Dans le monde de la photographie numérique, les EXIF, ces données invisibles qui se cachent derrière chaque cliché, peuvent être perçus comme des guides infaillibles pour capturer la beauté d’un instant.
Pourtant, se fier aveuglément à ces paramètres peut paradoxalement vous conduire à compromettre la qualité de vos propres images. Comment des informations aussi précieuses peuvent-elles ruiner tous vos efforts artistiques ?
C’est ce que nous allons découvrir dans cette nouvelle vidéo !
Ceci est une retranscription texte pour le référencement Google, n’y prêtez pas attention et regardez plutôt la vidéo 😉
Est-ce que ça vous est déjà arrivé de tomber sur une photo captivante, le genre de photos qui vous laisse complètement bouche bée, et de voir par la même occasion que le photographe a partagé les paramètres qui lui ont permis d’immortaliser cette scène ?
Ces paramètres, c’est ce qu’on appelle les EXIF, ce sont simplement les informations techniques de prise de vue, c’est-à-dire la vitesse d’obturation, l’ouverture et la sensibilité ISO utilisés par le photographe.
Et là, vous vous dites, génial, je vais enfin pouvoir réaliser de beaux clichés en utilisant ces mêmes paramètres lors de ma prochaine sortie.
Parce qu’on a parfois l’impression que certains photographes veulent délibérément nous cacher ces paramètres, comme si c’était une recette secrète qui nécessite des années avant de mettre la main dessus.
Du coup, quand on tombe sur un photographe qui partage ses EXIF, on n’a qu’une envie, c’est de s’empresser de les reproduire.
En tout cas, c’est comme ça que je raisonnais durant mes premiers mois de photographie et je reconnais avoir déjà essayé quelques fois de reproduire des paramètres d’autres photographes, et c’est probablement votre cas.
Comment je sais ça ? Eh bien, vous me faites régulièrement des retours par email à propos de mon guide sur la composition.
D’ailleurs, je vous en remercie infiniment.
Et on m’a à plusieurs reprises suggéré l’idée de partager les exifs des différentes photos qui illustrent le guide.
Alors, je comprends tout à fait ce besoin, mais croyez-moi, si je veux réellement vous aider à progresser en photographie, c’est la pire chose que je puisse faire.
Quand on débute, on pense que copier les EXIF d’une photo réussie garantit un résultat plus ou moins similaire, alors qu’en réalité, c’est tout le contraire.
En procédant ainsi, on se tire une balle dans le pied d’entrée de jeu, c’est le meilleur moyen d’obtenir des photos sans âme et sans saveur.
Je vais vous expliquer pourquoi je pense que c’est une mauvaise idée et vous partager, à mon sens, le meilleur moyen de procéder pour obtenir des photos qui vous ressemblent.
Pourquoi les EXIF ne suffisent pas ?
Première raison évidente :
Chaque paysage est unique, la lumière, la météo, et les saisons changent constamment et vous ne vous retrouverez jamais dans les conditions exactes de prises de vue que le photographe qui a pris la photo dont vous souhaitez vous inspirer.
Utiliser exactement les mêmes paramètres donnera une exposition totalement différente.
Et vous risquez donc de vous retrouver avec une photo surexposée avec des lumières cramées, ou sous-exposée avec des ombres bouchées.
Le but premier des paramètres du triangle d’exposition, c’est simplement de bien exposer la photo.
Vous devez donc adapter les paramètres à la situation qui se présente face à vous.
Même photo, différents paramètres
Deuxième raison, un peu moins évidente : pour la plupart des photos de paysage, on peut obtenir exactement la même photo en utilisant des paramètres bien différents.
Prenons cette photo en exemple. Voici les exifs. Et voici la même scène avec des paramètres différents ; et encore la même scène avec des paramètres différents. Je ne triche absolument pas, les exifs sont bien écrits en haut à gauche sur Lightroom, et les trois photos sont identiques.
Donc, pas besoin de vous casser la tête à utiliser des paramètres précis en fin de compte, puisque ça ne change pas grand-chose au résultat.
Et là, vous devez sûrement vous dire que c’est un peu contradictoire ce que je suis en train de raconter.
Parce que vous, qui êtes en plein apprentissage de la photographie, on vous rabâche sans cesse que pour progresser il faut sortir du mode tout automatique pour prendre la main sur les paramètres du triangle d’exposition et que c’est ça qui va vous permettre d’exprimer votre créativité.
Et maintenant que vous expérimentez avec les modes semi-automatiques ou le mode manuel de votre appareil, moi je viens vous dire que les paramètres n’ont pas vraiment d’importance, et que vous pouvez les sélectionner au petit bonheur la chance puisque vous obtiendrez la même photo en fin de compte.
En fait, cette scène-là, comme beaucoup d’autres en paysage, ne nécessite pas d’effet créatif particulier. Je n’ai pas d’élément en mouvement dans le cadre ni de sujet que j’aimerais détacher de l’arrière-plan, je n’ai donc pas besoin de paramètres précis et le mode tout automatique aurait très bien pu faire l’affaire dans ce cas.
On va utiliser des paramètres plus ou moins précis lorsqu’on veut bénéficier d’un effet créatif. Par exemple, si je souhaite figer le mouvement de ma scène, je vais devoir utiliser une vitesse d’obturation rapide pour y parvenir.
Ou au contraire, si je souhaite montrer le mouvement, je vais devoir utiliser une vitesse plus lente.
Si je prends ces 2 photos en exemple, je ne pourrais pas obtenir le même effet en sélectionnant mes paramètres au hasard.
Du coup, on pourrait se dire pourquoi pas copier les EXIF pour reproduire un effet créatif qui me plaît ?
Et bien, ça peut fonctionner mais il y a quand même un hic.
Reproduire un effet créatif
Troisième raison : on peut imiter un effet créatif, mais pas à 100 %.
En copiant les EXIF dans le but de reproduire, par exemple, un flou de mouvement, on peut obtenir un résultat qui s’en rapproche, mais votre effet n’aura certainement pas la même intensité parce que vous vous retrouverez encore une fois dans des conditions différentes.
Tous les cours d’eau ne s’écoulent pas de la même manière, les vagues ne déferlent pas non plus à la même vitesse en fonction de la météo, c’est la même chose pour les nuages qui peuvent être plutôt statiques dans le ciel ou se déplacer très vite lorsqu’il y a du vent.
Une même vitesse d’obturation ne vous donnera pas le même résultat si votre sujet a une vitesse différente que celui de la photo dont vous vous inspirez.
J’en parle d’ailleurs dans ma vidéo sur la pose longue ; je dis que 1/4 s c’est généralement la vitesse qui me donne les meilleurs résultats pour lisser la surface de l’eau, mais ce n’est pas toujours le cas, ça dépend de mon sujet et de sa vitesse.
Alors, ça sera certainement une valeur assez proche, mais il faut tout de même que j’adapte les paramètres en fonction de ma scène.
Dans une autre situation, si je vois une belle photo de vague figée et bien nette à 1/200 s, peut-être que pour les vagues que je vais photographier, ça ne sera pas suffisant et j’aurai un léger flou de mouvement.
Là, j’ai seulement pris un exemple pour la vitesse d’obturation, mais c’est également le cas pour l’ouverture du diaphragme et les effets créatifs qui lui sont associés.
Il y a plein d’autres paramètres qui affectent la profondeur et la qualité du bokeh. Je prépare d’ailleurs une vidéo sur le sujet qui apparaîtra ici, donc ce n’est pas parce que j’ai utilisé une ouverture de f/2.8 que je vais obtenir un flou d’arrière-plan avec la même intensité que sur la photo dont j’ai copié les exifs.
Quoi qu’il arrive, vous aurez besoin d’adapter les paramètres pour faire face aux conditions uniques qui se présentent à vous.
Alors oui, si vous n’avez jamais réussi à utiliser un effet créatif jusque-là et que tout à coup vous parvenez à obtenir quelque chose qui s’en rapproche grâce aux exifs, ça peut être assez satisfaisant.
Mais je pense que c’est plus important de chercher à comprendre ce qui engendre cet effet créatif plutôt que de réussir à le reproduire une fois de manière approximative sans vraiment comprendre ce qui s’est passé derrière.
C’est exactement ce qui s’est passé pour moi à mes débuts.
La toute première fois que j’ai réussi à lisser l’eau d’une cascade, c’est parce que j’avais bêtement copié des EXIF, et j’étais plutôt content de la photo que je venais de réaliser.
Mais je ne comprenais pas vraiment comment j’avais fait, donc j’étais incapable de doser l’intensité de l’effet, et surtout, j’étais totalement incapable de reproduire cet effet sur d’autres sujets.
Bon, tout ça, c’est très bien, mais au-delà de ça, il faut pousser la réflexion plus loin.
Réaliser des photos qui vont réellement captiver le spectateur, ça ne consiste pas à juste flouter un arrière-plan ou réaliser une pose longue, il faut bien plus que ça !
Aspect technique et artistique de la photo
Ce qui m’amène à la
quatrième raison, et certainement la plus importante :
Les EXIF, c’est ce qui fait techniquement la photo, mais ce n’est pas ce qui la fait artistiquement.
Une photo ne se définit pas par la précision de ses réglages, mais par la vision, l’émotion, et le message que le photographe a été capable de transmettre.
Une bonne photo raconte avant tout une histoire, et le premier pas pour raconter votre histoire passe, selon moi, par la composition.
C’est à dire votre manière d’agencer les différents éléments du cadre afin de créer une harmonie visuelle.
Si vous souhaitez faire ce premier pas, vous êtes libre de télécharger mon fameux guide sur la composition en photographie de paysage.
Dans ce guide, je ne partage absolument aucun exif, mais plutôt des clés qui vont vous permettre d’aiguiser votre œil de photographe.
Vous allez pouvoir expérimenter avec l’espace négatif, la distance focale ou encore l’échelle de la scène.
Et je vous assure que ça aura bien plus d’impact sur vos images que de vous partager de simples paramètres de prises de vue.
Vous pouvez retrouver le lien de téléchargement dans la description et bien évidemment, c’est 100 % gratuit.
Plus vous allez progresser, plus vous allez vous rendre compte que tout cet aspect technique a, au final, peu d’influence sur l’harmonie visuelle de votre image.
Il faut quand même apprendre la technique dans un premier temps. Je ne dis pas que ce n’est pas important, mais dans un deuxième temps, être capable de s’en détacher.
Ce que je cherche à vous faire comprendre, c’est qu’il n’y a pas de bons ou de mauvais paramètres, et ce n’est absolument pas ça qui va faire l’âme de votre photo.
En revanche, il y a de bonnes et de mauvaises histoires, et une composition médiocre ne sera pas sauvée par des paramètres entre guillemets « parfaits ».
Quelle alternative aux EXIF ?
Quand on sort du mode tout automatique et qu’on apprend à jouer avec les réglages, on a peur de mal faire, donc je comprends tout à fait ce besoin de se rattacher à quelque chose et de vouloir utiliser les EXIF comme une base.
On a envie de progresser rapidement, on a envie de bien faire tout de suite.
Mais la dure réalité pour les plus débutants d’entre vous,
c’est d’accepter que faire de mauvaises photos fait partie de l’apprentissage et il ne faut pas brûler les étapes ou chercher une sorte de raccourci.
Ça ne veut pas dire pour autant qu’on ne peut pas s’inspirer du travail d’autres photographes.
Mais se focaliser sur les EXIF, à mon sens, ce n’est pas la bonne manière de s’inspirer.
La bonne manière de faire serait plutôt de chercher à comprendre : qu’est-ce qui m’a plu dans cette photo ? Ça peut être un simple élément au niveau de la composition, ça peut être la gestion de la lumière, la perspective, la retouche, le cachet de l’image, et bien d’autres éléments.
Ensuite, prenez un concept ou une idée que vous trouvez pertinente et essayez de l’implémenter lors de votre prochaine sortie photo.
Vous allez voir que parfois ça marchera très bien, d’autres fois non.
Dans ce cas, il faut chercher à comprendre pourquoi : est-ce que je l’ai mal utilisé ou c’est simplement pas adapté à la scène ?
Ou peut-être que ça ne me correspond pas tout simplement.
C’est en se posant ce genre de questions qu’on se rend compte que la photographie va bien au-delà du fait d’appuyer sur un simple bouton.
Il y a tellement d’éléments à prendre en compte au-delà des réglages pour créer cette harmonie visuelle, que les EXIF, c’est vraiment le dernier de vos soucis.
Et puis, à force d’expérimenter, vous allez petit à petit identifier des éléments qui seront récurrents dans votre travail.
Et ça, c’est un premier pas vers la découverte de votre style photographique, qui sera sans doute un mélange de vos nombreuses inspirations.
Mais ce ne sont certainement pas les paramètres que vous allez utiliser qui vont définir ce style et qui vous êtes en tant que photographe.
Personne ne vous complimentera sur les exifs de votre photo, mais en revanche, on vous complimentera certainement sur votre approche et votre regard de photographe.
Les EXIF en photographie – Conclusion
Bon, en soi, ce n’est pas la fin du monde si vous cherchez à reproduire des paramètres précis.
Mais ce qui risque de se passer, c’est qu’en vous focalisant trop sur ces derniers, vous risquez de faire abstraction de tout ce qui fait réellement l’essence de la photographie.
Et ça, c’est la garantie de rater vos photos.
Si vous cherchez justement à apprendre à vous détacher des paramètres techniques, je vous invite à cliquer sur cette vidéo qui s’affiche à l’écran où je vous partage une astuce toute simple pour transformer vos photos ennuyeuses en photos réellement captivantes.
Vous avez apprécié cet article ?
En complément je vous propose de découvrir une sélection de 7 presets 100% gratuits pour:
- Donner un look pro à vos photos de paysages en 1 clic
- Créer une ambiance à travers les palettes de couleurs
- Transmettre des émotions et trouver votre propre style
Laisser un commentaire