Tu viens tout juste de dépenser quelques centaines d’euros et ça y est, tu possèdes enfin ton propre appareil photo entre tes mains ! (Pas un Bridge j’espère ;)) C’est l’occasion d’aller tester tout ça et de te rendre compte que ton smartphone fait de bien plus jolies photos ! Mais comment ça se fait ??? J’avais pourtant acheté un appareil pour faire de meilleures photos …
Il ne faut pas croire que le simple fait d’investir dans un appareil photo de qualité va faire de toi un meilleur photographe en un claquement de doigt, surtout si tu utilises les modes automatiques !
Je me souviens lors de mes toutes premières sorties photos lorsque je venais tout juste d’acheter mon appareil j’avais peur de ces modes P, A, S, M. Je n’osais pas les toucher et je préférais rester dans le confort de mon mode tout automatique.
J’arrivais à faire de jolies photos mais j’en faisais également beaucoup de mauvaises d’un point de vu technique (un flou non désiré majoritairement), C’était un peu la roulette russe, un coup ma photo était bonne un coup elle ne l’était pas car je n’avais aucun contrôle sur les paramètres de mon appareil photo
J’ai vite compris que le mode automatique allait me freiner dans mon apprentissage et qu’il fallait que je change de mode pour agir de manière volontaire sur les paramètres de mon appareil afin d’obtenir l’effet désiré. Mais comment on change de mode d’ailleurs ?
Je te présente le sélecteur des modes de prise de vue, les abréviations ne seront pas les mêmes pour tout le monde, chaque marque ayant ses propres appellations, mais les différences sont mineures et on retrouve les même fonctions chez tout le monde. Pour changer de mode rien de plus simple il suffit de tourner la molette jusqu’à aligner le petit trait avec le mode souhaité. Il en existe une multitude qui ont tous un rôle bien précis
Voyons plus en détail le fonctionnement de chaque mode et de quelle manière ils vont influencer les différents paramètres du triangle d’exposition.
Les modes automatiques
Oui il en existe plusieurs ! Il faut savoir que le seul et unique but des modes automatiques est de bien exposer la photo, c’est-à-dire de ne pas la sous-exposer ou sur-exposer afin d’obtenir la quantité de lumière « idéale ».
Réglette d’expostion d’un appareil photo, 0 correspond à une photo correctement exposée
La mission du mode automatique va alors être de conserver ce petit triangle sur le 0 quel que soit l’intensité de la source lumineuse à laquelle l’appareil photo va se confronter, pour réaliser cet exploit il faut comprendre le fonctionnement de cette réglette.
L’exposition est réglée par 3 paramètres qui sont L’ouverture du diaphragme (nombre F), la vitesse d’obturation (le temps « s » en secondes) et la sensibilité iso. Ils constituent les piliers du triangle de l’exposition (on en parle plus en détail dans l’article suivant)
Ces paramètres ont des effets secondaires appelés « effets créatifs » , ils permettent respectivement:
En modifiant l’ouverture du diaphragme
- D’obtenir une grande profondeur de champ (photo entièrement nette)
- D’obtenir une faible profondeur de champ (détacher son sujet de l’arrière plan avec un joli flou)
En jouant avec la vitesse d’obturation
- De faire une pose longue (montrer le mouvement)
- De faire une « pose rapide » (figer le mouvement)
Ces effets créatifs requièrent certains paramètres plus ou moins précis difficiles à obtenir avec les modes automatiques. Voyons le pourquoi du comment
Le mode tout automatique
Idéal pour ne pas se prendre la tête (AUTO ou IA ou A+ sur la molette), tous les réglages se font automatiquement. Le capteur calcule la quantité de lumière de la scène et l’appareil prend soin de sélectionner un couple Ouverture / Vitesse afin de correctement exposer la photo (L’iso est un paramètre un peu spécial déterminé indépendamment).
Voici un exemple de couple Ouverture / Vitesse
F 5.0 ; 1/500 s
Ce couple varie donc en fonction de la quantité de lumière à laquelle est exposé le capteur, on peut voir en temps réel ces chiffres changer sur son écran tandis qu’on oriente l’appareil autour de nous, mais l’exposition restera toujours la même.
Impossible alors de rater son exposition, il faut seulement se soucier du cadrage et de la composition. Le mode automatique permet donc d’obtenir des photos correctement exposées, mais qui ne peuvent pas bénéficier des effets créatifs (peu/beaucoup de flou, figer/montrer le mouvement) car ces derniers nécessitent des paramètres bien précis
Les modes scènes
Ils sont représentés par de petits icônes sur la molette (fleur, montagne, visage, bonhomme qui court) ou par le sigle SCN qui regroupe tous les différents modes scènes. Il en existe également une multitude, mon appareil en compte 29 à lui tout seul, permettant de s’adapter au mieux à chaque situation.
L’appareil sait alors quelle scène il s’apprête à photographier et ajustera ses réglages afin d’obtenir un effet créatif adapté, tel que du flou d’arrière plan pour réaliser un portrait en sélectionnant l’icône « visage » pour n’en citer qu’un.
Même si l’on peut choisir le type de scène que l’on souhaite ils restent malgré tout des modes automatiques car le couple Ouverture / Vitesse est déterminé automatiquement
| Prenons un exemple: Je souhaite photographier un sujet en mouvement et éviter un flou de mouvement Je vais alors sélectionner le mode sport (bonhomme qui court !), l’appareil va déterminer un couple ouverture/vitesse comme pour le mode automatique mais avec une information supplémentaire: j’indique à mon appareil que mon sujet est en mouvement Je donne ainsi à mon appareil photo la consigne de figer le mouvement Pour cela il va devoir augmenter la vitesse d’obturation (grande vitesse —> fige le mouvement) L’appareil sait alors qu’il est sur le point de capturer un sujet un mouvement mais il ne sait pas si c’est une vague, un éclair, ou une voiture de Formule 1. Ces 3 sujets ont des vitesses bien différentes et il est peu probable qu’avec une même vitesse d’obturation (1/400 s par exemple déterminé automatiquement par l’appareil) il réussisse à correctement figer chacun de ces sujets |
Il en va de même pour les autres modes scènes, certaines photos seront très réussis, tandis que sur d’autres l’effet désiré sera trop / pas assez intense… C’est la loterie car chaque scène est unique.
Pour faire simple un mode scène permet de sélectionner un effet créatif (je veux du flou d’arrière plan !) mais sans pouvoir ajuster l’intensité de cet effet (il n’y en a pas suffisamment à mon goût et je ne peux rien y faire). Son objectif premier reste de bien exposer la photo
Bien régler son appareil photo: Les modes créatifs
Les modes P, A, S, M permettent de prendre le contrôle de son appareil en ajustant la vitesse d’obturation et l’ouverture du diaphragme à sa guise.
Ils règlent ainsi le gros défaut des modes scènes: On peut à présent régler l’intensité d’un effet créatif
On les appelle modes créatifs car ils permettent justement d’obtenir ces effets créatifs de manière totalement contrôlé
Mais ils n’agissent cependant pas sur la sensibilité Iso, cette sensibilité se règle à l’aide d’un autre bouton qui est indépendant. Tu peux alors choisir de régler la sensibilité iso manuellement ou de manière automatique. (Ne t’en soucie pas trop pour le moment on en parlera dans un prochain article)
Voyons quels sont les différents modes à disposition
Le mode Programme (P)
Il gère également le couple ouverture / vitesse comme pour les modes automatiques mais laisse la liberté de modifier ces valeurs.
D’ailleurs pour modifier ces valeurs il te suffit de tourner les 2 molettes de ton appareil photo (1 seule molette + le bouton d’exposition avec un appareil entrée de gamme)
Ainsi la première molette en partant du bas te permettra de modifier l’ouverture du diaphragme, et la seconde de modifier la vitesse d’obturation.
Mais il est tout à fait possible d’inverser les fonctions de ces deux molettes dans les paramètres de ton appareil si la disposition par défaut ne te convient pas.
C’est le mode idéal pour commencer à utiliser les modes créatifs tout en douceur, je te conseille de l’enclencher de ce pas afin de tester par toi même les possibilités qu’il t’offre tout en te laissant dans ta zone confort.
Mais tu vas rapidement en faire le tour et vouloir passer aux modes suivants.
Le mode Ouverture (A)
Le mode A ou Av est un mode semi-automatique, il permet de contrôler l’ouverture du diaphragme (F) ce qui aura une incidence sur le bokeh (le flou) d’une image.
Une fois que j’ai sélectionné ma valeur F, celle-ci ne changera pas et l’appareil compensera en permanence la quantité de lumière en modifiant la vitesse d’obturation (ou la sensibilité Iso dans des conditions de basses lumières) afin d’avoir une photo bien exposée.
J’utilise personnellement ce mode ouverture lorsqu’il n’y a aucun mouvement dans ma composition.
Si je souhaite photographier une montagne ma seule préoccupation est d’avoir une photo entièrement nette du premier plan jusqu’au dernier.
Je vais alors sélectionner une petite ouverture telle que F/11 , ou F/13 , F/16 , F/18 … peu importe (petite ouverture –> pas de flou d’arrière plan) et laisser à mon appareil le soin de déterminer par lui-même la vitesse.
Puisque ma montagne est immobile la vitesse n’a aucune importance à mes yeux, elle peut être de 1/50s, 1/200s, 1/2000s … j’obtiendrai absolument la même photo (sauf si les nuages sont très agités ! )
Sujet immobile —> Mode A
On ne se soucie alors que d’un seul paramètre pour réaliser son effet créatif tout en gardant une photo correctement exposée.
Le mode Vitesse (S)
Le mode S ou Tv est le second mode semi-automatique, il permet de contrôler la vitesse d’obturation (s) ce qui aura une incidence sur le mouvement du sujet.
C’est le même principe que pour le mode A mais cette fois-ci pour la vitesse, l’appareil compensera alors en déterminant de lui-même une ouverture adéquate pour obtenir une bonne exposition.
J’utilise ce mode lorsqu’il y a du mouvement dans ma composition, afin de figer mon sujet en utilisant une grande vitesse telle que 1/800s , 1/1000s , 1/3000s …
Si je prends en photo les feuilles d’un arbre et que le vent souffle fort mon sujet risque d’être flou (à ne pas confondre avec le flou d’arrière plan) en mode A car ma vitesse ne sera pas suffisamment grande, je vais alors utiliser le mode S pour augmenter ma vitesse et éviter un flou de mouvement.
Plus le mouvement est rapide plus il faudra le compenser en augmentant la vitesse d’obturation (ce qui confirme bien pourquoi le mode scène sport à ses limites)
Sujet en mouvement —> Mode S
On peut également descendre dans des vitesses très basses tel que 1/10s , 1/2s , 20s afin de créer volontairement du flou de mouvement. Ces vitesses ne sont pas proposées par les modes automatiques car on ne peut plus photographier à main levée, il faut désormais utiliser un trépied.
Le mode Manuel (M)
Il est effrayant lorsque l’on débute mais donne le contrôle absolu sur ses réglages ! On détermine alors à la fois l’ouverture du diaphragme (nombre F) et la vitesse d’obturation (le temps en secondes), il faut alors régler l’exposition par soi-même en trouvant un couple ouverture / vitesse adapté car l’appareil ne fais plus rien
Ce dernier peut encore contrôler la sensibilité iso si on la laisse en automatique, mais on peut également choisir de la régler manuellement.
Avec le mode manuel on contrôle ainsi la quantité de flou et le mouvement de son sujet pour avoir la maîtrise de son image et pouvoir pousser au maximum sa créativité. On va l’utiliser lorsque l’on arrive pas à obtenir l’effet désiré avec les modes P, A et S
En effet ces derniers restent des modes semi-automatiques c’est à dire que l’appareil garde encore le contrôle sur un réglage, il fait souvent bien son travail mais on peut estimer dans certains cas que l’appareil fait le mauvais choix et qu’il faille intervenir manuellement (d’où le nom de mode manuel !)
 Voici le parfait exemple où le mode manuel peut nous sauver la vie, car pour réaliser cette photo il faut avoir une ouverture suffisamment petite pour obtenir un joli bokeh, mais également une vitesse d’obturation suffisamment grande pour figer les flocons ! Cette photo peut être réalisée avec les modes P, A et S mais le mode M donnera un meilleur contrôle sur ses réglages afin d’obtenir une photo beaucoup plus fidèle à notre intention de départ. |
On peut également choisir de volontairement sous-exposer ou sur-exposer sa photo, ce qui est un autre choix créatif que les modes automatiques et semi-automatiques ne proposent pas par défaut.
Je te conseille d’utiliser le mode M seulement une fois que tu seras suffisamment à l’aise avec les modes semi-automatiques A et S, mais sache qu’il n’est en aucun cas « le mode absolu du vrai photographe » comme peuvent le prétendre certains fanatiques.
Pour conclure
Aujourd’hui j’utilise le mode manuel 80% du temps, mais ça ne me dérange absolument pas d’utiliser les modes semi-automatiques lorsque ces derniers peuvent me faciliter la vie !
Car en effet même avec l’expérience il m’arrive de rater mes photos en mode manuel lorsque je n’ai pas le temps de bien effectuer mes réglages. Et oui en photo de paysage on fait souvent face à des instants brefs, inattendus, qui ne durent que quelques secondes, il faut alors dégainer son appareil et faire ses réglages plus vite que son ombre !
Tel qu’un rayon de soleil qui pointe le bout de son nez à travers les nuages pour venir éclairer précisément le sommet d’une montagne, le mouvement soudain du brouillard entre deux arbres, ou encore une vague prenant la forme de Poséidon
Je n’ai alors qu’une poignée de seconde pour bien exposer ma photo en trouvant le couple ouverture/vitesse adapté… ou bien je peux sélectionner un semi-automatique pour me faire gagner de précieuses secondes
Et comme l’a dit Confucius
Sortir du mode automatique revient à enlever les roulettes de son vélo
Une fois qu’on les enlève c’est pour de bon ! Ça ne te viendra même pas à l’idée d’utiliser à nouveau le mode automatique.
J’espère que l’utilisation de ces modes te semble déjà plus claire, car dans les prochains articles on va parler beaucoup plus en détail de la relation entre les 3 paramètres du triangle d’exposition et des effets créatifs.
Mais voyons tout d’abord ce qu’est le triangle d’exposition
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