S’il y a bien un sujet que j’ai longtemps boudé lors de mes débuts en photographie, c’est bien la sensibilité ISO.
Elle affecte la qualité de nos images en créant du bruit numérique, et j’étais persuadé qu’un bon photographe n’a pas besoin d’avoir recours à ce paramètre pour bien exposer ses photos.
Et que c’était donc une simple « solution de dernier recours ».
Puis, un ami photographe m’a dit qu’il utilisait régulièrement des sensibilités élevées dans son travail, et que ça pouvait même lui permettre d’être plus créatif ! J’ai donc décidé de tester par moi-même, car il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis.
Et je me suis rapidement rendu compte que j’étais complètement passé à côté de quelque chose d’essentiel..
Le texte ci-dessous sert uniquement de référencement pour Google, n’y prêtez pas attention et regardez plutôt la vidéo 😉
Si vous êtes en train d’apprendre à sortir du mode tout automatique de votre appareil, vous avez certainement compris que je parle des trois paramètres du triangle d’exposition. C’est avec eux qu’il va falloir jongler pour correctement exposer son image.
La sensibilité ISO, c’est un peu le vilain petit canard du triangle d’exposition, c’est le paramètre qu’on n’ose pas vraiment toucher par peur d’obtenir des photos de mauvaise qualité.
Jusqu’à récemment, j’étais justement un de ces photographes qui n’osaient pas trop toucher à ce paramètre sur mon Lumix G80, qui n’est pas non plus un boîtier vraiment réputé pour sa montée en ISO.
Je m’en suis particulièrement rendu compte en revenant sur mes anciennes photos qui ont quasiment toutes été prises avec l’ISO le plus bas possible, peu importe les conditions de luminosité.
Mais à présent, j’ai totalement changé ma manière d’aborder ce paramètre, d’autant plus depuis l’acquisition de mon plein format.
Le problème, c’est que quand on aborde le sujet des ISO, c’est toujours pour parler de la qualité d’image, mais en réalité, ça offre bien plus que ça. Dans cette vidéo, j’aimerais vous montrer pourquoi et partager comment le simple fait de vous détacher de la peur des ISO va vous permettre d’être plus créatif, et donc de faire de meilleures photos.
Mais d’abord, petit rappel rapide pour les plus débutants :
Qu’est-ce que c’est exactement le bruit numérique?
La sensibilité ISO est un paramètre qui permet d’augmenter la sensibilité du capteur à la lumière, ce qui donne un gain de luminosité permettant de bien exposer ses images même en conditions de faible luminosité. Personnellement, je l’imagine comme de la « lumière artificielle ».
Si je prends les différents paramètres du triangle d’exposition, pour l’ouverture, on laisse entrer davantage de lumière en ouvrant plus ou moins grand le diaphragme. Pour la vitesse, on laisse entrer la lumière plus longtemps en réglant la durée durant laquelle l’obturateur reste ouvert. Avec les ISO, on peut augmenter l’exposition pour une même quantité de lumière donnée. C’est génial, mais en contrepartie, on a un effet indésirable qui est le bruit numérique.
Le bruit numérique se manifeste par des taches parasites qui apparaissent lorsqu’on commence à augmenter cette sensibilité, particulièrement dans les zones les plus sombres de l’image. Il affecte aussi le piqué, et donc la netteté de votre photo. Cela peut s’apparenter au grain, mais le grain est composé de taches uniformes et contrôlées, alors que le bruit est une distorsion aléatoire, beaucoup moins esthétique. Cela peut même entraîner une dérive colorimétrique avec des sensibilités très élevées.
En comparant une même scène prise avec différents ISO, on voit bien que le bruit s’accentue avec les valeurs plus élevées (ISO 200 à 32 000). Tous les capteurs n’offrent pas les mêmes performances ; plus le capteur est grand, meilleure sera sa gestion des ISO. Les petits capteurs de smartphones ou de compacts sont donc beaucoup moins performants en basse luminosité.
Chose importante à savoir : ce n’est pas l’ISO en lui-même qui crée le bruit, mais bien le manque de luminosité de la scène. Si je compare une photo de ma figurine prise à 12 800 ISO avec une autre sous-exposée prise à ISO 1 600, on voit bien que la seconde photo présente bien plus de bruit quand j’augmente l’exposition sur mon logiciel. En fait, l’ISO ne fait que révéler le bruit déjà présent sur l’image.
Maintenant qu’on a vu les bases, j’aimerais insister sur un point.
Bruit numérique n’est pas synonyme de mauvaise qualité
Voici une première photo prise à ISO 50, qui est l’ISO le plus bas que me propose mon appareil, et une seconde à ISO 12 800. On voit qu’il y a clairement du bruit numérique, mais cela peut être facilement corrigé en post-traitement, et les logiciels sont de plus en plus performants à ce niveau-là. Voici la photo retouchée, et franchement, on ne peut pas dire qu’elle soit de mauvaise qualité.
Les appareils sont également de plus en plus performants dans leur gestion des basses lumières. Ils peuvent d’ailleurs monter à des valeurs bien plus élevées, allant jusqu’à ISO 100 000, 200 000. À ces valeurs, on observe une dérive colorimétrique, la photo devient très difficile à rattraper, voire inutilisable. On ne monte jamais dans les extrêmes, ce sont des valeurs entre guillemets « théoriques ». En pratique, on reste plutôt dans des valeurs standards pour éviter un bruit numérique trop important.
Ce que je vous recommande vivement, c’est de laisser les ISO en automatique. Cela permet de moins se prendre la tête avec ce paramètre et de se concentrer sur d’autres éléments plus importants comme la composition. Mais avant cela, comme on ne veut pas monter dans des valeurs extrêmes, on va définir un ISO acceptable dans le menu du boîtier en fonction de ses préférences personnelles. Une fois configuré, l’appareil ne sélectionnera jamais par lui-même un ISO supérieur à cette valeur.
Aujourd’hui, dans ma pratique, je laisse les ISO en automatique 80 % du temps, et peu importe la valeur que l’appareil sélectionnera tant que je reste dans cette limite acceptable que j’ai configurée. Je sais que ma photo sera de qualité. Évidemment, la limite acceptable est plus basse sur un appareil avec un plus petit capteur. Je l’ai fixée à 3 200 sur mon Lumix, mais même sur ce boîtier, je laisse tout de même les ISO en automatique la plupart du temps.
Quel intérêt ? Eh bien, cela garantit une vitesse suffisamment élevée et me permet d’éviter tout flou de bougé en photographiant à main levée. Si mon ISO est trop bas, pour compenser le manque de luminosité, la vitesse sera également basse, et à main levée, j’ai donc beaucoup plus de risque d’introduire ce fameux flou de bougé qu’on cherche très souvent à éviter. En règle générale, il est recommandé de photographier au-delà de la vitesse de sécurité.
La vitesse de sécurité = 1/focale de l’objectif. Elle vous garantit d’avoir une photo nette à main levée. En photographiant avec un téléobjectif, il faudra donc une vitesse d’autant plus élevée pour compenser les micro-tremblements de vos mains et obtenir des photos nettes. Mieux vaut une photo avec un peu de bruit numérique mais parfaitement nette, qu’une photo sans bruit mais complètement floue.
D’ailleurs, mes meilleures photos, je les ai réalisées sans trépied, à main levée, de manière spontanée, c’est pour cela que je préconise autant la photographie à main levée. Si vous photographiez régulièrement sur trépied, il y a moins d’intérêt à utiliser les ISO automatiques, car vous pouvez vous permettre d’utiliser des vitesses plus basses, mais cela dépend encore de l’effet créatif souhaité. Je reviendrai un peu plus tard sur l’utilisation du trépied.
D’accord, c’est sympa de laisser l’appareil sélectionner les ISO et de pouvoir tout le temps photographier à main levée, mais concrètement, en quoi cela rend plus créatif ? Eh bien, justement, nous allons voir.
Les avantages créatifs de l’ISO
S’il y a bien une information importante à retenir de cette vidéo, c’est celle-ci : c’est grâce à l’ISO que vous allez pouvoir correctement doser vos effets créatifs, et c’est ce qui a totalement changé ma manière d’aborder ce paramètre. Je m’explique. Les effets créatifs sont au nombre de quatre, mais les deux qui vont principalement nous intéresser ici sont :
- Maximiser la profondeur de champ de la scène en utilisant une petite ouverture, c’est-à-dire avoir une scène nette du premier plan jusqu’à l’infini.
- Pouvoir figer n’importe quel élément en mouvement dans la scène en utilisant une vitesse d’obturation rapide.
En pleine journée, avec une bonne luminosité, vous ne devriez pas avoir trop de soucis à réaliser ces effets. Mais à partir du moment où vous photographiez en début de journée, en fin de journée, dans des environnements sombres ou par temps couvert, c’est une tout autre histoire.
Quand on fait des photos en forêt ou près des cascades, il fait généralement assez sombre, et à cause du vent, il peut y avoir pas mal de mouvement au niveau des feuilles des arbres et de la végétation. Pour avoir des feuilles bien nettes, sans flou de mouvement, il faut une vitesse d’obturation suffisamment rapide, et pour l’atteindre, on va augmenter les ISO, au risque d’introduire un peu de bruit numérique. Pour photographier les vagues en bord de mer, ce sera la même chose : j’ai besoin d’une vitesse suffisamment rapide pour figer le mouvement des vagues, comme 1/500s ou 1/1000s, voire plus, et pour atteindre une telle vitesse, je vais devoir augmenter ma sensibilité ISO.
Alors oui, je pourrais aussi ouvrir davantage le diaphragme de mon objectif pour gagner en luminosité, mais je n’aurais pas la même profondeur de champ avec une grande ouverture. Qui dit grande ouverture dit petit chiffre f, et dans la plupart des cas, cela entraîne un flou d’arrière-plan. Monter les ISO me permet donc d’avoir une vitesse suffisamment élevée pour figer mon sujet, tout en conservant une ouverture pas trop grande pour obtenir une scène entièrement nette.
Cela me donne donc beaucoup plus de flexibilité dans le choix de mes paramètres d’ouverture et de vitesse. Si j’avais cherché à maintenir un ISO très bas à tout prix, je n’aurais jamais pu réaliser cette série de photos, car en modifiant la vitesse et l’ouverture, cela aurait beaucoup trop altéré les effets créatifs de mes images. Cela aurait impacté ma profondeur de champ, et je n’aurais pas pu avoir une scène nette du premier rocher jusqu’à la tour. Surtout, cela aurait impacté le mouvement de mon sujet, et je n’aurais pas pu aussi bien figer ces vagues.
En augmentant l’ISO, j’obtiens une photo correctement exposée tout en conservant une petite ouverture et une grande vitesse. J’ai juste en contrepartie un peu de bruit numérique, que je peux de toute manière réduire en post-traitement. Et sur ces images, je ne le remarque même plus.
C’est sûr que dans un monde parfait, j’aurais adoré pouvoir doser mes effets créatifs comme je le souhaite tout en maintenant un ISO très bas. Mais dans la vraie vie, il faut savoir s’adapter aux conditions extérieures, qui ne sont pas toujours évidentes à gérer, et être capable de faire des compromis sur ses choix de paramètres. J’accepte que ma photo ne soit pas parfaite pour avoir la possibilité de doser ces effets créatifs comme je le souhaite, et ainsi raconter l’histoire à ma manière.
Il faut se dire qu’augmenter la sensibilité ISO aura très peu d’impact sur votre cliché final, contrairement aux deux autres paramètres. La perte de qualité est dérisoire par rapport à la flexibilité que vous allez gagner.
Si on s’obstine à utiliser l’ISO le plus bas, cela va énormément nous restreindre dans nos choix d’ouverture et de vitesse, et donc sur les effets créatifs qui leur sont associés. Avec l’ouverture, on perd le contrôle de sa profondeur de champ. Avec la vitesse, on perd le contrôle du mouvement.
Dans ce cas, vous serez totalement dépendant de la luminosité ambiante, et c’est elle qui dictera quels effets vous pouvez réaliser. Aujourd’hui, je n’ai plus peur de monter ma sensibilité ISO dès que nécessaire, et comme je l’ai dit, dans 80 % des cas, je laisse à mon appareil le soin de choisir cette valeur.
Mais alors, quels sont les 20 % de cas restants ?
Dans quel cas prendre le contrôle de l’ISO ?
Pour ma part, il y a deux cas de figure :
Premièrement, lorsque je veux descendre en dessous de la vitesse de sécurité, mais toujours pour photographier à main levée, et utiliser des vitesses comme 1/6 s, 1/4 s, 1/2 s. Par défaut, l’appareil ne propose pas des vitesses aussi basses, car il est difficile d’obtenir une photo nette. En sélectionnant moi-même mes ISO, cela me permet d’atteindre de telles vitesses et de montrer le mouvement en réalisant une pose longue. Je vous renvoie d’ailleurs vers ma vidéo sur la pose longue où je vous explique pourquoi je privilégie 1/6 s quand je veux lisser la surface de l’eau. Je le fais souvent avec de l’eau, mais cela fonctionne aussi très bien avec d’autres sujets, comme ici pour photographier le mouvement des lucioles. Avec de telles vitesses, il va falloir être très stable, donc il risque d’y avoir beaucoup de ratés, mais c’est un coup de main à prendre. Cela permet encore une fois de photographier de manière spontanée, puisqu’on est à main levée, et d’obtenir de belles images.
Deuxièmement, je sélectionne moi-même mes ISO pour une sortie organisée avec trépied. Dans ce cas, je peux me permettre de réaliser une pose beaucoup plus longue de 10, 20, voire 30 secondes, et avec des vitesses aussi lentes, on aura généralement un ISO très bas. Vous savez maintenant que je n’aime pas utiliser des temps de pose aussi longs quand je photographie des cours d’eau, mais pour d’autres sujets, cela s’y prête à merveille, comme ici avec le mouvement des bateaux ou encore pour photographier le mouvement des nuages.
Je sais qu’il y a beaucoup de photographes qui ne se séparent jamais de leur trépied et réalisent des poses longues à tout va pour toujours maintenir l’ISO au plus bas. Moi, je trouve cela dommage, car si le sujet ne comporte pas de mouvement, ce n’est pas vraiment justifié, et cela enlève ce côté spontané de la photographie. Dans ma pratique, j’utilise mon trépied seulement quand j’ai une idée précise en tête.
Mais dans les deux cas, que je sois à main levée ou sur trépied, je prends le contrôle des ISO quand j’utilise volontairement des vitesses basses pour montrer le mouvement. Cela me permet de parfaitement doser l’intensité de l’effet de pose longue. Quand au contraire je veux utiliser des vitesses plus rapides, je suis toujours en ISO automatique. Si vous n’avez pas encore testé, vous n’imaginez pas à quel point cela simplifie la vie.
Si à ce stade de la vidéo vous êtes encore un peu réticent à l’idée de monter les ISO, je vous encourage à faire quelques tests avec votre appareil. Vous verrez qu’il n’y a rien de dramatique. Si vous constatez ce gain de flexibilité dont j’ai parlé tout au long de la vidéo, vous y prendrez goût, et je vous assure que vous ne pourrez plus revenir en arrière.
ISO et bruit numérique – Conclusion
Moi qui voyais les ISO comme une simple solution de dernier recours, je peux maintenant dire que je me trompais complètement à ce sujet. Tout au long de cette vidéo, j’ai beaucoup parlé de paramètres, ce qui pourrait donner l’impression que c’est ce qui fait toute la photo, alors que ce n’est pas du tout le cas. Privilégiez d’abord le travail de composition. N’ayez pas peur du bruit numérique.
Pour cela, je vous invite à télécharger mon guide gratuit sur la composition en photographie de paysage. Dans ce guide, je partage tous les outils qui vont vous permettre d’affûter votre œil de photographe et de créer des photos dont vous serez fier. Vous verrez que cela aura bien plus d’impact sur vos clichés que de maintenir à tout prix un ISO très bas.
Et pour vous convaincre une bonne fois pour toutes que les paramètres ne font pas tout, je vous invite à cliquer sur cette vidéo qui s’affiche à l’écran, où je vous explique pourquoi les EXIF de cette miniature vous garantissent de rater vos photos.
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