La vitesse d’obturation est le second pilier du triangle d’exposition, elle affecte la perception de tous les éléments en mouvement dans le cadre.
Pour rappel: C’est le temps durant lequel l’obturateur reste ouvert au moment du déclenchement. Plus l’obturateur reste ouvert longtemps plus la quantité de lumière perçue par le capteur sera importante. Et inversement, si l’obturateur se referme rapidement la quantité de lumière perçue sera moindre.
En modifiant la vitesse d’obturation, nous avons ainsi le contrôle sur l’exposition de notre photo.
On calcule cette vitesse en secondes, et on la retrouve le plus souvent sous forme de fraction.
- Une vitesse rapide s’écrira avec un grand chiffre sous la fraction tel que 1/4000 s, 1/2000 s, 1/500 s…
- Une vitesse lente s’écrira avec un petit chiffre sous la fraction ( 1/25 s, 1/8 s, 1/3 s…) ou pourra s’écrire sans fraction pour les vitesses les plus lentes ( 1 s, 15 s, 30 s).
Il est possible d’utiliser le mode manuel (mode M) ou le mode priorité vitesse (mode S) afin de la régler par soi-même.
Cependant, le réglage de la vitesse d’obturation ne se limite pas à contrôler la quantité de lumière. Il est possible de jouer avec afin d’obtenir 2 effets créatifs particulièrement intéressants: On peut choisir de « Figer le mouvement » ou de « Montrer le mouvement ».
Ils sont extrêmement populaire en photographie de paysage, notamment le second pour réaliser des poses longues afin de capturer ce que l’œil humain n’est pas capable de percevoir, et donc de créer des photos spectaculaires.
Voyons donc ensemble comment obtenir ces effets créatifs, et comment les exploiter au mieux pour sublimer un paysage.
Les différents types de vitesses
Lorsqu’on photographie un sujet en mouvement, la vitesse peut être rapide ou lente. Ce choix va dépendre de l’effet créatif que l’on souhaite lui donner.
- Une vitesse rapide permet de figer le mouvement
La capteur de l’appareil photo sera très brièvement exposé à la lumière. Les sujets en mouvement dans votre photo apparaîtront donc nets.
Plus la vitesse d’obturation sera rapide, plus on pourra capturer des sujets rapides tout en les gardant aussi nets que possible.
Sur cette image, la branche semble immobile, pourtant la main est en réalité en train de la secouer. Le mouvement à été figé.
1/200 s
- Une vitesse lente permet de montrer le mouvement
Le capteur sera exposé à la lumière pendant un laps de temps plus important. Les sujets en mouvement dans votre photo apparaîtront flous dans la direction du mouvement.
C’est ce qu’on appelle tout simplement le flou de mouvement.
Plus la vitesse d’obturation sera lente, plus on pourra intensifier cet effet afin de créer des images uniques.
1/6 s
Si vous ne savez pas quelle vitesse sélectionner pour capturer la scène qui se présente à vous, n’hésitez pas à prendre plusieurs photos en jouant avec ces paramètres.
Ici, il semble logique d’utiliser une vitesse rapide afin de figer les animaux en mouvement.
Il est tout à fait possible de créer un flou de mouvement avec ces animaux, mais celui-ci doit être volontaire et maîtrisé. Autrement, il pourrait montrer une négligence de la part du photographe.
Bien évidemment, la paysage qui se situe en arrière plan sera quant à lui toujours net, car celui-ci n’est pas en mouvement. Attention toutefois, en descendant dans des vitesses basses, l’appareil photo nécessitera plus de stabilité.
D’ailleurs, le sigle « représente des secondes entières. Lorsqu’on atteint des vitesses aussi basses, il est fortement recommandé d’utilisé un trépied.
Voyons à présent comment utiliser ces vitesses face à différent types de paysages.
Vitesse d’obturation rapide
Il se peut qu’une photo comporte un ou plusieurs sujets / éléments ayants des vitesses différentes.
1/150 s
Les hélicoptères sont de parfaits exemples pour illustrer cela .
Du moins rapide au plus rapide il y a:
- Le mouvement de l’hélicoptère qui se déplace vers l’avant
- Le mouvement du rotor principal (les grandes pales)
- Le mouvement du rotor de queue
Je peux alors choisir de ne figer aucun de ces mouvement, tout comme je peux très bien choisir d’en figer 1, 2 voir même les 3.
Dans cet exemple, une vitesse de 1/150 s permet bien de figer les 2 premiers mouvement, mais n’est pas suffisamment rapide pour figer le rotor de queue (et c’est un choix délibéré !).
Il faut donc être capable d’ajuster ses paramètres d’obturation en fonction des divers éléments qui se présentent à nous afin d’obtenir le rendu souhaité.
Figer concrètement une action en photo de paysage
En photographie de paysage, la plupart des scènes que vous rencontrerez par une belle journée ensoleillé, auront peu de mouvement, voir aucun.
Il sera alors assez simple d’obtenir une photo parfaitement nette car n’importe quelle vitesse d’obturation devrait faire l’affaire.
En imaginant que je photographie une montagne, je peux alors choisir la vitesse qui me chante (1/50s, 1/200s, 1/2000s …), cela n’aura aucune incidence sur la netteté de mon sujet.
Cependant, lorsque la météo sera moins clémente, le vent affectera la vitesse de nombreux éléments de votre scène, en particulier si vous photographiez en bord de mer.
Si votre scène comporte du mouvement, utilisez le mode semi-automatique « S » pour vous faciliter la vie ! Vous n’aurez alors qu’a régler la vitesse d’obturation sans avoir à vous soucier des autres paramètres.
Voici quelques recommandation pour les éléments en mouvement que vous risquez de rencontrer dans la nature.
Figer le mouvement des éclairs: 10 s – 30 s. C’est un cas un peu particulier car « il faut utiliser une vitesse lente pour figer le mouvement ». Ne vous y attardez pas trop si vous débutez en photographie. Figer le mouvement des feuilles d’un arbre et des nuages: 1/30 s – 1/150 s. Figer le mouvement d’une vague: 1/250 s – 1/500 s. Figer le mouvement d’une cascade: 1/300- 1/600 s. |
Bien évidemment ce ne sont que des approximations, chaque scène est unique et nécessitera donc que le photographe ajuste ses réglages en conséquence.
En réalité on n’utilise que très rarement des vitesse extrêmement rapide pour du paysage, tel que 1/4000 s, celles-ci sont plutôt destiné à la photographie animalière ou à la photographie sportive.
Contentez vous de « vitesses moyennes » comprises entre 1/100 s – 1/500 s, cela devrait être amplement suffisent pour figer la plupart des mouvements que vous rencontrerez dans la nature.
Ne pas toujours utiliser la même vitesse
Lorsque notre intention est de figer le mouvement , à quoi bon s’embêter à utiliser des vitesses moins rapides pour photographier des sujets moins rapides ?
Car 1/4000 s permet aussi bien de figer une vague qu’une voiture de F1 à pleine allure. En revanche 1/500 s permet également de figer une vague, mais ne sera sans doute pas suffisant pour la voiture. Utiliser la vitesse d’obturation la plus rapide de l’appareil (1/4000 s voir même 1/8000 s), peu importe la vitesse du sujet qui nous fait face semble donc être le meilleur choix à faire, car de cette manière je suis certain d’avoir mon sujet aussi net que possible. |
Bien évidemment si vous avez la possibilité d’utiliser ces vitesses, ne vous gênez pas. Mais en procédant ainsi, vous risquez la plupart du temps de faire face à un problème de taille:
- L’image sera trop sous-exposée
Car comme je l’ai si bien rappelé dans l’introduction, il ne faut pas oublier que la vitesse d’obturation agit avant tout sur l’exposition ! Ainsi:
Plus la vitesse d’obturation sera rapide, plus l’image sera sombre.
Plus la vitesse d’obturation sera lente, plus l’image sera lumineuse.
La luminosité ambiante entre donc en compte dans le choix de la vitesse.
Car même les modes semi-automatiques (qui assurent une exposition correcte) ne vous permettront pas toujours d’atteindre les valeurs souhaitées.
Ce n’est donc pas un soucis de légèrement sous-exposer (ou même sur-exposer) une photo de manière volontaire dans le but d’atteindre une vitesse d’obturation bien précise. Mais une image trop sous-exposée aura des ombres bouchées, et il ne sera pas possible de la rattraper en post-traitement.
La difficulté est alors d’être capable de trouver une vitesse suffisamment rapide pour figer le sujet, mais qui ne le soit pas trop, afin de garder une exposition convenable.
Il faudra alors jouer avec les autres piliers du triangle d’exposition pour y parvenir.
Vitesse d’obturation lente
C’est un outil plus difficile à manier, mais il a pour mérite de créer des photos spectaculaires. L’obturateur peut-être laissé ouvert pendant plusieurs secondes, voir minutes afin de réaliser une pose longue.
Pour réaliser une pose longue, il est nécessaire d’utiliser un trépied afin d’éviter tout flou de bougé.
Si vous ne connaissez pas encore la différence entre flou de mouvement et flou de bougé, ne vous inquiétez pas on en parle juste après !
La pose longue est extrêmement populaire en photographie de paysage, car elle permet de dévoiler des mouvements imperceptibles à l’oeil nu. Voyons donc comment procéder pour l’exploiter au mieux.
Montrer concrètement le mouvement en photo de paysage
Le mode semi-automatique S que je vous recommandais d’utiliser jusqu’ici ne descend pas naturellement dans des vitesses lentes.
L’appareil photo fait en sorte de garder une « vitesse de sécurité » afin de pouvoir continuer à prendre des photos à main levé.
Ainsi, si vous souhaitez utiliser une vitesse lente (1/15 s , 1/6 s , 1 s , 10 s, 30 s …), je vous recommande vivement d’utiliser le mode manuel M afin d’avoir un contrôle total sur le temps d’exposition de vos images.
Il n’y a pas de vitesse préconisée pour un paysage en particulier, tout dépendra d’à quel point vous souhaitez « montrer le mouvement ».
Ainsi plus votre vitesse d’obturation sera lente, plus l’effet de pose longue sera intense. Essayez en plusieurs afin de correctement doser cet effet selon vos préférences personnelles.
Il est aussi possible d’utiliser le mode bulbe de l’appareil pour dépasser la limite d’exposition de 30 secondes. Vous allez ainsi pouvoir réaliser des poses longues de plusieurs minutes. Elles ont pour effet de totalement lisser l’eau (comme sur la photo du pont), afin de créer des photos très artistiques.
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Un autre point intéressant à connaitre: En photographiant de nuit, la pose longue permet également de capturer le mouvement des sources lumineuses.
Flou de mouvement créé par la lumière des feux avants (en blanc) et des feux arrières (en rouge) des voitures.
On utilise principalement cette technique en astrophotographie pour photographier les trainées d’étoiles et faire du light painting.
Flou de mouvement et flou de bougé
Ce sont 2 types de flous à ne pas confondre car ils sont radicalement différents.
- Le flou de mouvement est celui dont on parle depuis le début de l’article, provoqué par le mouvement du sujet.
- Le flou de bougé est quant à lui provoqué par le mouvement de l’appareil photo au moment du déclenchement.
C’est un flou souvent non esthétique qu’on cherche à tout prix à éviter, que l’on retrouve pourtant sur toutes nos premières photos complètement ratés !
On peut le voir comme le « flou du débutant » qui ne maîtrise pas encore son appareil.
Il existe 2 facteurs pouvant entrainer un flou de bougé involontaire lorsqu’on utilise une vitesse d’obturation lente:
Un vent relativement fort qui souffle sur un trépied mal fixé.
Les micros-mouvements des mains lorsqu’on photographie à main levée.
Le premier est relativement simple à régler, il suffit de rapprocher son trépied du sol afin de gagner en stabilité. Si ce n’est pas suffisant, on peut également accrocher un sac à dos sur le crochet de la colonne centrale.
Concernant le second, c’est là qu’intervient la fameuse vitesse de sécurité. C’est la vitesse minimale à laquelle il est possible de prendre une photo à main levé, sans obtenir de flou de bougé. La présence d’une stabilisation optique intégré à l’objectif, et la manière dont vous tenez vos appareil, influencent évidemment la valeur de cette vitesse. Mais en règle générale, on dit qu’elle équivaut à l’inverse de la focale. Par exemple avec une focale de 50 mm, la vitesse minimale de sécurité est de 1/50 s, avec une focale de 24 mm, de 1/24s… plutôt simple à retenir ! |
Cela vaut pour les appareils à capteurs plein formats. Pour les autres tailles de capteurs il faudra prendre en compte le facteur de conversion.
Elle vous servira tout particulièrement lorsque la nuit commence à tomber, car il devient de plus en plus difficile de photographier à main levée par manque de luminosité.
Personnellement je n’aime pas me promener partout avec mon trépied, je l’utilise de temps à autres mais si je peux m’en passer je le fais volontiers. Je veille donc à respecter la vitesse de sécurité pour éviter tout flou de bougé.
Autre point important à savoir: Il est possible dans certains cas d’obtenir un joli flou de bougé !
Lorsqu’il est utilisé à bon escient, il peut créer des photos abstraites et originales.
A titre personnel je ne l’utilise jamais (du moins, en photo de paysage), car je trouve qu’il ne s’y prête pas suffisamment.
Je vous en parle simplement pour que vous sachiez qu’il n’est pas complètement à jeter. N’hésitez pas à jouer avec de manière délibéré pour développer votre créativité !
Choisir le bon moment de la journée
Certains moment de la journée se prêtent plus à l’utilisation d’un effet créatif qu’un autre.
- En pleine journée, la luminosité est à son comble, ce qui facilite l’utilisation de vitesse rapides pour figer le mouvement
- En début et en fin de journée (mais également la nuit), la luminosité est moindre, ce qui facilite l’utilisation de vitesses lentes pour réaliser des poses longues.
Pour cette scène, il a été beaucoup plus facile de figer le mouvement, car la luminosité ambiante est très intense.
Ça ne veut pas pour autant dire qu’il n’est pas possible d’obtenir un effet créatif dans les conditions qui ne lui sont pas optimales.
Ainsi, pour réaliser la pose longue de la photo de droite en condition de luminosité intense, j’ai donc du utiliser un filtre ND, afin de limiter la quantité de lumière reçu par le capteur. À l’inverse, pour figer un mouvement en condition de faible luminosité, il ne faudra pas avoir peur d’augmenter la sensibilité ISO (ce sera le sujet du prochain article). Conseil pratique: Amusez vous à recréer ces 2 effets créatifs pour une même scène. Cela vous permettra d’avoir une expérience concrète sur le terrain, et de cette manière, vous allez vite vous rendre compte de quelle manière la luminosité ambiante favorise l’utilisation de paramètres d’obturation bien précis. Avec l’expérience, vous serez capable d’utiliser votre effet créatif favori à tout moment de la journée. |
D’ailleurs, quelle photo de la cascade préférez vous ? Dites le moi en commentaire !
Personnellement j’ai une légère préférence pour la première, car une vitesse d’obturation rapide permet de dévoiler toute la puissance de cette dernière.
Je favorise généralement la pose longue pour de plus petits cours d’eau, afin de donner une sensation de calme et de tranquillité.
Conclusion
La vitesse d’obturation peut gâcher tout comme elle peut sublimer vos images, il convient donc de la choisir avec soin afin de créer l’effet désiré sur vos clichés.
C’est un des articles les plus difficiles à assimiler de cette série de tutoriels, alors ne vous découragez pas si vous ne saisissez pas tout après une seule lecture ! Je me souviens encore à quel point ces notions m’ont données du fil à retordre à mes débuts, mais ce n’est qu’en pratiquant sur le terrain qu’elles sont devenus de plus en plus évidentes.
Si vous ne deviez retenir qu’une chose, c’est que la vitesse d’obturation et l’exposition sont étroitement liées. Votre mission est alors de chercher à obtenir un effet créatif (« figer » ou « montrer ») tout en gardant une photo correctement exposée.
Mais sachez qu’il est possible de corriger la surexposition d’une photo dans lightroom , vous avez donc une marge d’erreur !
Il est à présent temps de s’attaquer au troisième et dernier pilier du triangle d’exposition: La sensibilité ISO (7/15).
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2 Comments
Bonjour,
Votre titre est trompeur ?
« Comment contrôler la vitesse d’obturation de son appareil photo ? »
Je ne cherche pas à connaître la façon d’utiliser mon APN, mais à contrôler l’obturateur de mon APN ?
Si je place mon APN sur 1/125, je cherche à vérifier si c’est bien le 1/125 de seconde ?
Cordialement.
Bonjour, merci pour votre commentaire
Je comprends votre confusion. En utilisant le mot « contrôler » dans le titre de mon article « Comment contrôler la vitesse d’obturation de son appareil photo ? », mon intention était de parler de la manière de « prendre le contrôle » de la vitesse d’obturation de votre appareil photo. Autrement dit, comment vous pouvez régler cette vitesse pour obtenir les effets désirés dans vos photos.
Si votre question concerne plutôt la vérification de la précision de la vitesse d’obturation, c’est en effet un sujet différent. Pour vérifier si votre appareil photo expose bien à 1/125 de seconde par exemple, il faudrait utiliser des outils spécifiques comme un testeur de vitesse d’obturation ou effectuer des tests comparatifs avec une source de lumière stable et des calculs précis.
Je vais prendre en compte votre remarque pour rendre mes titres d’articles plus clairs à l’avenir. Pour information, mon blog se concentre principalement sur l’aspect créatif de la photographie et non sur les spécificités techniques des appareils photo.
Merci encore pour votre retour !
Cordialement,